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Chien de Vikings

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Le Berger d’Islande est un petit Spitz d’origine scandinave, et le seul chien d’origine islandaise. Lorsque les Vikings norvégiens traversèrent les océans et colonisèrent l’Islande en 874 après Jésus Christ, ils emmenèrent leurs chiens avec eux.

 

En 930, un parlement appelé l’Althing, se constitue à Thingvellir, à une quarantaine de kilomètres de Reykjavik. L’Althing rassemble chaque année au début de l’été dans un cadre naturel et somptueux tous les représentants de la population. Le premier parlement décida de suspendre l’immigration et l’arrivée de colons et depuis ce temps, pratiquement aucun animal vivant n’a pu pénétrer en Islande. l’Islande se retrouve avec un cheptel dont les races sont restées pures depuis maintenant plus de mille ans. Il est toujours interdit d’importer des animaux vivants en Islande, par exemple, les petits Chevaux Islandais ne peuvent plus revenir dans leur pays d’origine lorsqu’ils vont concourir dans d’autres pays européens, ils sont vendus dans ces pays avant même de partir de chez eux. En ce qui concerne le Berger d’Islande, pendant des années, d’autres races furent importées, mais seulement en petit nombre, et depuis 1901, il est interdit d’importer des animaux en Islande, ainsi la race s’est bien maintenue dans le standard depuis que les premiers Vikings se sont établis.

Le Berger d’Islande, avec sa façon de travailler, s’est adapté aux différents types de terrain de l’île, aux méthodes agricoles et a accompagné le peuple islandais dans son impitoyable combat pour survivre pendant des siècles, le rendant indispensable aux éleveurs de moutons. Les épidémies, les périodes de disette et les catastrophes naturelles ont rendu la vie très rude en Islande, et ont donné comme résultat une race résistante et endurante.

 

Des squelettes de chiens retrouvés dans des tombeaux au Danemark et en Suède, datant d’environ 8000 ans avant Jésus Christ, ressemblent beaucoup au Berger d’Islande.

On ne retrouve que très peu d’information sur ce chien dans les anciens écrits islandais, et on ne sait pas à quoi ressemblait le Berger d’Islande du dixième siècle. Cependant, il est cité dans la Saga du Roi Ólaf Tryggvarson  relatant la famine de 990 après J. C. et qui a eu de sérieuses répercussions sur les chiens de l’île. Pour remédier à la situation de famine, une décision fut prise : il fallait tuer toutes les personnes âgées et les invalides, étant donné qu’elles mangeaient, mais ne travaillaient pas. Le chef Arnór Kærlingenef de Miklebð dans la région d’Oslandshill était partisan de cette solution, mais sa mère réussit à le faire revenir sur sa décision. Et après délibération, le verdict annoncé fut de réduire le nombre de chiens et de chevaux, ce qu’ Arnór annonça dans son discours :

 

« Vous nourrissez des chiens en si grand nombre que beaucoup d’êtres humains pourraient survivre avec ce que les chiens mangent. Maintenant, nous devons tuer ces chiens, et faire en sorte que très peu ou même pas du tout survivent, et nous devons utiliser la nourriture que les chiens auraient mangé pour nourrir les gens. »

Les fermiers ne suivirent pas les conseils d’Arnór, et les chiens survécurent.

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Au Moyen-Age, Le Berger d’Islande est devenu un produit d’exportation très recherché, surtout pour l’Angleterre. L’aristocratie et les classes dirigeantes ont trouvé là un animal de compagnie de prédilection. En 1492, Martin Beheim a écrit que les Islandais vendaient leurs chiens aux Anglais le même prix que les chevaux, tant leurs chiens étaient les préférés des ladies comme « animaux de salon ».  Olaus Magnus écrit en 1555 à propos du chien, et le décrit comme étant clair ou blanc, avec un épais manteau. John Caius a aussi écrit dans un livre datant de 1570 que les chiens avaient tant de fourrure qu’il n’était pas facile de deviner où était la tête et où finissait le corps. Ces animaux étaient très populaires, très recherchés, et grandement choyés. Dans Henri V, pièce écrite aux alentours de 1600, Shakespeare mentionne le Chien Islandais, avec ses oreilles bien droites : « Pish for thee, Iceland dog, thou prick-ear’d cur of Iceland ! » (Acte II Scène 1). (Foutre toi-même, chien Islandais, roquet Islandais à l’oreille pointue !).

Il est aussi cité un peu plus tard, dans des livres anglais et français du Moyen Age. En 1650, Thomas Brown écrit que le Chien Islandais n’est pas seulement importé en tant qu’animal familier, les éleveurs de moutons anglais s’y intéressent vivement et veulent en posséder.

Eggert Ólafsson et Bjarni Pálson ont voyagé en Islande et ont écrit un guide publié en 1744. Ils ont décrit le Berger d’Islande ainsi : « Un chien de berger, à longs poils avec un pied étroit, il est une aide précieuse pour les troupeaux de moutons ».

En 1755, le Comte de Buffon décrit une trentaine de races de chiens connues, parmi lesquelles on retrouve le Chien d’Islande. Sa description de ces races est si précise qu’il est clair que la plupart des types existent encore.

Il existe aussi une peinture d’un chien du nom de Fixe par Johan Staalborn, peint en 1763. Le chien était un Chien D’Islande, né à Gdanks au printemps 1759.Cette même année, il partit pour Stetin, dans la propriété du Général G. A. von Siegroth, qui devint plus tard officier commandant le régiment Kungl. Södermanlands en Suède. Fixe servit fidèlement son maître jusqu’à sa mort à Kapsta en janvier 1772.

Eggert Ólafsson et Bjarni Pálsson voyagèrent en Islande entre 1752 et 1757 en écrivant sur les gens et la nature. On trouve de bonnes descriptions du Berger d’Islande dans leur livre de voyage. En ce temps-là, il existait trois types : bergers munis d’une épaisse fourrure, composée d’un sous poil très épais  sous la couche supérieure. Certains avaient une fourrure très épaisse appelée « lubbar » - à long poils. Ces chiens n’étaient pas seulement utilisés pour garder les moutons, mais aussi pour dénicher les macareux dans leurs trous sur les falaises, surtout les chiennes, car elles étaient plus petites. Les deux autres types étaient des chiens miniatures et des chiens de chasse avec des grandes pattes et un poil court.

Pendant des années, les chiens ont été considérés de différentes façons. Parfois haïs, parfois adulés. Un scientifique Danois, Peder Hansen Resen décrit l’Islande au 17ème siècle et raconte ceci : « Les chiens sont une telle source de bonheur pour les habitants que l’on en voit très peu qui ne soit accompagné par un chien. »

Quelques deux cents ans plus tard, un autre Danois, le Docteur Krabbe, visitant l’Islande en 1880, écrit ce très intéressant exposé :

« Les chiens sont vraiment indispensables aux Islandais, mais ils leur causent également beaucoup de tort. Ils hébergent plusieurs sortes de vers intestinaux qui se transmettent aux humains et aux autres animaux, provoquant des maladies parmi les moutons et des maladies du foie chez les humains. Cette maladie est si répandue qu’une personne sur quarante en est atteinte. Elle se répand en grande partie en raison de conditions sanitaires déplorables, et aussi parce qu’il y a beaucoup de chiens.

La population canine varie en nombre, en 1855-56 une épidémie a fortement réduit le nombre de chiens, et on raconte qu’à ce moment-là le prix d’un chien était équivalent à celui d’une vache ou de deux moutons.

Maintenant on en trouve un si grand nombre qu’il y a au moins deux à cinq chiens dans chaque ferme, et même parfois plus. Un prêtre m’a dit qu’il avait douze chiens chez lui : des religieux sont arrivés dans sa famille en compagnie des chiens, et ils sont repartis en les abandonnant derrière eux. Selon certains Islandais, il n’est pas rare que des offices religieux soient perturbés par des chiens errants qui se battent dans les cimetières. »

Le Docteur Krabbe termine son exposé en recommandant de réduire sérieusement le nombre de chiens en Islande.

Le Berger d’Islande dans sa forme originelle ne survécut que dans des endroits reculés et isolés, alors que d’autres chiens de berger étaient importés au fil des ans dans le but d’améliorer les qualités de gardien de troupeau. De plus, lorsque l’hygiène fut d’avantage prise au sérieux, la population canine dans son ensemble ne fut pas vue d’un très bon œil par les autorités.

Les premières lois islandaises concernant les chiens furent adoptées en 1869, et en 1871, un impôt fut instauré sur les chiens à l’exception d’un certain nombre de chiens gardiens de moutons dans la campagne. Cette taxe était prévue pour faire baisser le nombre des animaux, car ils étaient porteurs du ténia (ou ver solitaire), ce qui pouvait transmettre des maladies à l’homme. On pense que le nombre de chiens en Islande en 1869 était d’environ 24000, mais en 1887, le nombre était tombé a quelques 10000. A la fin du siècle, Christian Schierbeck, un médecin de Reykjavik, écrivait qu’on ne trouvait des Chiens Islandais que dans des fermes isolées tant la race avait été croisée avec des races étrangères importées au 19ème siècle. En 1901, une interdiction totale d’importation de chiens fut imposée.

Dans la plupart des livres écrits sur l’Islande à ce jour, le Berger d’Islande est mentionné et les descriptions varient, mais il est toujours possible de se rendre compte qu’il s’agit de la même race. On dit que ces chiens étaient indispensables dans les fermes pour rassembler les moutons, et les bons chiens ne faisaient pas que cela, ils aidaient à sauver des animaux et des hommes enfouis sous 4 à 5 mètres de neige. Un bon chien pouvait valoir autant qu’un cheval. A peu près au même moment, un Berger d’Islande du nom de Pillar s’est fait remarquer à une exposition de chiens au Tivoli, et on lui a décerné un prix. Le Berger d’Islande fut reconnu comme race au Danemark en 1898 et en 1905, l’English Kennel Club (club anglais des éleveurs) conféra au Berger d’Islande un statut avec pedigree. La race fut alors reconnu et le standard de la race fut publié, et traduit du danois.
 

 

Un Anglais, Mark Watson, s’intéressa à l’Islande dès son plus jeune âge, et y voyagea souvent. En premier, un peu après 1930, il fit un voyage à cheval, et un peu plus tard, en voiture. Lors de sa première visite, il vit un certain nombre de Bergers d’Islande, mais aux alentours de 1950, la race était au bord de l’extinction. Il décida d’effectuer un sauvetage de la race et avec l’aide de quelques personnes dévouées, il trouva quelques mâles et femelles. Il les emmena en Californie, où il possédait un ranch. Le vétérinaire en chef de l’Institut de Pathologie Expérimentale à Keldur, Páll Agnar Pálsson, apporta son aide pour l’exportation de ces chiens. Pendant qu’ils attendaient leur bateau, les chiens étaient hébergés à Keldur chez  Páll, et l’un d’entre eux y resta. C’était une chienne, qui devint plus tard la principale ancêtre qui permit la conservation et l’essor de la race en Islande. L’élevage ne réussit pas en Californie, quelques animaux moururent de la maladie des jeunes chiens et ceux qui survécurent se révélèrent homozygote, (dans la théorie de l’hérédité de Mendel, une plante ou un animal résultant de l’union de gamètes ayant des caractéristiques similaires, et en conséquence, l’élevage devient consanguin). Quelques temps plus tard, Watson revint en Angleterre, en emmenant le reste de ses chiens.

 C’est à peu près à cette période qu’une certaine femme de l’est de l’Islande, a Árnessýsla, vit un chien qu’elle trouva si beau qu’elle décida de tout essayer pour acquérir un tel animal.

Son nom était Sigríður Pétursdóttir, habitant à Ólafsvellir, et elle avait vu chien vieux et gros de qui émanait cependant énormément de grâce et de beauté, et dont on disait que c’était un Berger d’Islande. Avec son mari, Kjartan Georgsson, elle possédait déjà deux chiens, un bâtard et une femelle Fox Terrier. Elle contacta  Páll Agnar Pálsson pour lui demander un Berger d’Islande. Cette tentative pour obtenir un chien échoua, mais plus tard Kjartan rencontra Páll à Keldur, et Páll lui dit qu’il leur fournirait un chien s’ils voulaient démarrer un élevage. Sigriður pensa que cela ne serait pas un gros dérangement d’avoir un chien et une chienne qui auraient des bébés de temps à autre. Cependant, elle découvrit bientôt que c’était une affaire bien plus importante que ce à quoi elle s’attendait, le peu de chiens restant dans le pays étant soit trop vieux, soit indisponibles.  Sigriður commença un élevage structuré du Berger d’Islande en Islande en 1967 et prit pour nom d’élevage « frá  Ólafsvellir ». Ce fut un fermier de Írafell, à Kjós, qui prêta à Sigriður son premier chien. Il s’appelait Kátur, et il était  né à Keldur. Avec l’aide de Páll, elle acheta deux bébés à Sveinn Kjarval, Snotra et Kolur. Plus tard, elle obtint la chienne Táta. Elle était sur un bateau qui venait du nord, d’Eyjafjödur, en ayant contourné Bárðardalur. Le bateau devait aller en cale sèche pour des réparations, et l’équipage souhaitait trouver une famille d’accueil, quand ils apprirent que Sigriður cherchait une chienne. Avec celle-ci, elle obtint ses premiers chiens couleur crème à poils longs. Puis Sigriður acheta Kátur. Kátur avait une fourrure très épaisse, et était un chien d’élevage exceptionnel. Les deux chiens avaient environ cinq ans lorsque Sigriður en devint propriétaire. Elle fit venir Pila de la région de Mosfellssveit. Elle était la fille de Kátur à Keldur.

Sigriður avait lu quelques sujets sur la génétique, et elle savait que la situation n’était pas idéale pour continuer un élevage. Páll lui parla de Mark Watson, qui avait exporté des animaux sans liens de parenté entre eux un peu après 1950, et lui suggéra de le contacter, ce qu’elle fit aussitôt.  Avec le soutien de Watson, Sigriður effectua trois voyages en Angleterre. Là Watson lui présenta Jean Lanning, un éleveur et juge de l’English Kennel Club. Ils organisèrent une formation pour Sigriður, de sorte qu’elle fut occupée à plein temps à étudier durant tout son séjour en Angleterre. Elle visita toutes les expositions, rencontrant les meilleurs éleveurs de chiens et les plus connus, ceux qui s’étaient fait un nom dans l’élevage. Elle apprit également comment les juges les plus connus travaillaient, s’informa à propos des différentes races de chiens, et acquit des bases pour élever diverses races.

Cette connaissance n’était pas seulement indispensable pour faire de l’élevage, mais elle lui fut d’une grande utilité lorsqu’elle-même devint juge pour différentes races.  Elle apprit aussi des choses très utiles par de plus petits éleveurs, et ainsi elle en savait assez pour continuer son élevage.

Sigriður étudia entre 1965 et 1967, et on peut dire que 1967 fut l’année où elle commença son élevage en Islande de façon sérieuse. Au cours de son dernier voyage en Angleterre, elle choisit deux chiens, un de chaque sexe, qu’elle fit reproduire ensuite ensemble. Watson lui donna aussi deux bébés issus de ce même couple, Vaskur et Brana de Wensum. Páll Agnar Pálsson donna son accord pour l’importation, et avec ces quelques chiens, Sigriður débuta son travail de pionnier dans l’élevage du Berger d’Islande. En tout premier lieu, Sigriður devait sans cesse avoir à l’esprit comment établir le bon choix des chiens qu’elle allait utiliser pour l’élevage. Les chiens utilisés étaient génétiquement  sans tare et de nouvelles générations apparurent.

 Ce fut après son introduction auprès de l’English Kennel Club que Sigriður commença à penser sérieusement à fonder une association identique, qui rassemblerait toute information sur le Berger d’Islande. Watson avait de l’expérience en la matière, et était également au fait de la situation en Islande. Alors, on décida de fonder une association ayant pour but l’élevage et la protection du Berger d’Islande. La première assemblée générale de passionnés d’élevage du Berger d’Islande se tint à l’Hôtel Saga à Reykjavik le Jeudi 4 septembre 1969. Le premier comité fut nommé et comprenait Gunnlaugur Skúlason, chirurgien vétérinaire, Président, Jón Guðmundson,  Sigríður Pétursdóttir, Ólafur E. Stefánsson et Magnús Þorleifsson.

Quelques années après la fondation de l’Icelandic Kennel Club (I. K. C. ou en Islande le « H. F. R. I. » « HUNDRÆKTARFÉLAG  ÍSLANDS »),  Sigríður fut élue Présidente. Elle fit beaucoup pour que I. K. C. devienne membre de la Fédération Cynologique Internationale (F. C. I.). Cela ne fut pas une tâche aisée, car l’Islande est un petit pays et les animaux étaient rares. C’est alors que Sigríður fut invitée à l’Assemblée Annuelle de la F. C. I.  à Berne, en tant que Présidente de son association, et qu’on lui annonça que l’Islande était à présent membre de la F. C. I. Le même jour une réunion de la Nordic Kennel Union ( N. K. U. ) fut annoncée et l’Islande fut invitée à s’y joindre.

 

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Cet article a été écrit par Danielle Bélanger à partir du texte en anglais du livre de Gísli Pálsson, ainsi qu’avec les informations du site Internet de l’I. S. I. C. 

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